Page:Dubos - Histoire critique de l'établissement de la monarchie françoise dans les Gaules, Tome II, 1742.djvu/82

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ces essains furent toujours soumis aux rois d’Italie, et ils ne passerent sous la domination des francs, que lorsque les ostrogots cederent tout ce qu’ils possedoient hors de l’Italie aux enfans de Clovis. C’est de quoi nous parlerons un peu plus au long, lorsqu’il en sera tems.

Quant aux Suéves, que l’auteur des Gestes et la vie de saint Remy donnent aux Allemands pour alliés dans la guerre dont il est ici question, je vais dire ce que j’en pense. On lit dans Jornandés, que le pere de Theodoric roi d’Italie, Theodémir qui vivoit long-tems avant la bataille de Tolbiac, et sous le regne de l’empereur Leon, fit durant l’hyver une expedition contre les barbares qui habitoient sur le haut du Danube. » Il prit son tems, dit l’Historien des Gots, que le Danube étoit gelé, & passant à l’imprévû ce Fleuve sur la glace, il entra dans le pays des Suéves par l’endroit où ils ne l’attendoient pas. Cette peuplade de Suéves a presentement du côté de l’Orient le pays des Boïens, du côté de l’Occident celui des Francs, au Midi le pays des Bourguignons, & au Septentrion celui des Turingiens. Les Allemands étoient alors joints avec les Suéves. Cela n’empêcha point Theodémir de les défaire ; il les battit eux & leurs Alliés, il ravagea leur pays, & peu s’en falut qu’il ne les subjuguât. Après cette victoire, il revint dans la Pannonie où étoient ses quartiers. » En effet, comme Theodémir venoit de la Pannonie, c’est-à-dire, du côté de l’orient par rapport au pays des Suéves, il sembloit aux Suéves qu’il ne pût point tomber sur eux qu’en traversant la contrée ou habitoit le Boïen, laquelle les couvroit du côté du levant, mais Theodémir ayant remonté le Danube jusqu’au dessus de la hauteur du pays des Suéves, et puis ayant passé le fleuve sur la glace, il entra dans ce pays du côté du couchant, et il attaqua ainsi ses ennemis par où ils ne s’attendoient point d’être attaqués. Venons à l’usage que je prétends faire de l’endroit de Jornandès que j’ai rapporté, et dans lequel on trouve les confins du pays des Suéves marqués tels qu’ils étoient quand cet historien avoit la plume à la main vers le milieu du sixiéme siécle.