Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/206

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de son pere connu vulgairement en Europe sous le nom du grand Condé. Il se rencontroit un inconvenient dans l’execution du projet. Le heros durant sa jeunesse s’étoit trouvé lié d’interêt avec les ennemis de l’état, et il avoit fait une partie de ses belles actions quand il ne portoit pas les armes pour sa patrie. Il sembloit donc qu’on ne dût point faire parade de ces faits d’armes dans la galerie de Chantilly. Mais d’un autre côté quelques-unes de ces actions comme le secours de Cambrai, et la retraite de devant Arras, étoient si brillantes qu’il devoit être bien mortifiant pour un fils amoureux de la gloire de son pere, de les supprimer dans l’espece de temple qu’il élevoit à la memoire de ce heros. Les anciens eussent dit que la pieté l’avoit inspiré et que c’étoit elle qui lui avoit suggeré le moïen d’éterniser le souvenir de ces grandes actions, en témoignant qu’il le vouloit éteindre. Il fit donc dessiner la muse de l’histoire, personnage allegorique mais très-connu, qui tenoit un livre, sur le dos duquel étoit écrit, vie du prince De Condé. Cette muse arrachoit des feüillets du livre qu’elle jettoit par terre, et on lisoit sur ces feüillets, secours de