Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/487

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Jamais Iphigenie en Aulide immolée n’a coûté tant de pleurs à la Grece assemblée, que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé, en a fait sous son nom verser la chanmeslé. Enfin les sens sont si flatez par le chant des récits, par l’harmonie qui les accompagne, par les chœurs, par les symphonies et par le spectacle entier, que l’ame qui se laisse facilement séduire à leur plaisir, veut bien être enchantée par une fiction dont l’illusion est palpable, pour ainsi dire. Je parle du commun des hommes. Ainsi qu’il est plusieurs personnes, qui pour être trop sensibles à la musique, s’en tiennent aux agrémens du chant, comme à la richesse des accords, et qui éxigent d’un compositeur qu’il sacrifie tout à ces beautez, il est aussi des hommes tellement insensibles à la musique, et dont l’oreille, pour me servir de cette expression, est tellement éloignée du cœur, que les chants les plus naturels ne les touchent pas. Il est juste qu’ils s’ennuient à l’opera. L’art du musicien ne sçauroit compenser le plaisir que leur fait p erdre le défaut de