SECTION L.
De la Sculpture, du talent qu'elle demande, & de l'art des bas-reliefs.
Tout ce que nous avons dit touchant l’ordonnance et
l’expression des tableaux, peut aussi s’appliquer à
la sculpture. Le cizeau est capable d’imiter, et dans
les mains d’un homme de génie, il sçait interesser
presque autant que le pinceau. Il est vrai qu’on
peut être un bon sculpteur sans avoir autant
d’invention qu’il en faut pour être un excellent
peintre, mais si la poësie n’est pas si nécessaire au
sculpteur, un sculpteur ne laisse pas d’en faire un
usage qui le met fort au-dessus de ses concurrens.
Nous voyons donc par plusieurs productions de la
sculpture, qu’entre les mains d’un homme de génie,
elle est capable des plus nobles operations de la
peinture. Telle étoit l’histoire de Niobé,
représentée avec quatorze ou quinze statuës liées
entr’elles par une même action. On voit à Rome dans
la vigne de Medicis les sçavantes reliques de cette
composi-