SECTION V.
l’impression que les imitations font sur nous en
certaines circonstances paroît même si forte, et par
consequent si dangereuse à Platon, qu’elle est
cause de la resolution qu’il prend de ne point
souffrir l’imitation poëtique, ou la poësie
proprement dite, dans cette republique ideale dont il
regle la constitution avec tant de plaisir. Il craint
que les peintures et les imitations qui sont
l’essence de la poësie, ne fassent trop d’effet sur
l’imagination de son peuple favori, qu’il se
répresentoit avec la conception aussi vive et d’un
naturel aussi sensible que les grecs ses
compatriotes. Les poëtes, dit Platon, ne se plaisent
point à nous décrire la tranquillité de l’interieur
d’un homme sage qui conserve toujours une égalité
d’esprit à l’épreuve des peines et des plaisirs. Ils
ne font pas servir le talent de la fiction pour nous