Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/59

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vif ni aussi sensible que l’étoit celui des atheniens.

Mais Platon fait encore une autre objection contre le merite de la poësie. C’est que les poëtes ne sont que les imitateurs & les copistes des ouvrages & des productions des autres artisans. Le poëte qui fait la description d’un temple n’est, selon lui, que le copiste de l’architecte qui l’a fait élever ; j’en tombe d’accord, & que j’aimerois mieux être, par exemple, l’architecte qui a fait bâtir l’église de saint Pierre de Rome, que le poëte qui en auroit fait en vers une belle description. Je veux même qu’il y ait plus de merite à trouver les proportions qui rendent un vaisseau excellent voilier, qu’à décrire la rapidité de son vol sur les vastes plaines de la mer. Mais souvent aussi le merite est moindre à être l’ouvrier qu’à être l’imitateur ? N’y a-t’il pas plus de merite d’avoir peint un viel livre comme l’a fait Despreaux, que de l’avoir relié, & imprimé si l’on veut ?

A ces mots il saisit un gros Infortiat
Grossi des visions d’Accurse & d’Alciat
Inutile ramas de gothique écriture,