Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, 1733.djvu/70

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vagues & bien imparfaites. Mais la comedie, suivant la définition d’Aristote est l’imitation du ridicule des hommes ; & la tragedie, suivant la signification qu’on donnoit à ce mot, est l’imitation de la vie & du discours des heros ou des hommes sujets par leur élevation aux passions les plus violentes. Elle est l’imitation des crimes & des malheurs des grands hommes ; comme des vertus les plus sublimes dont ils soïent capables. Le poëte tragique nous fait voir les hommes en proïe aux passions les plus emportées & dans les plus grandes agitations. Ce sont des dieux injustes, mais tout puissans, qui demandent qu’on égorge aux pieds de leurs autels une jeune princesse innocente. C’est le grand Pompée, le vainqueur de tant de nations, & la terreur des rois de l’Orient, massacré par de vils esclaves. Nous ne reconnoissons pas nos amis dans les personnages du poëte tragique, mais leurs passions sont plus impetueuses ; & comme les loix ne sont pour ces passions qu’un frein très-foible, elles ont bien d’autres suites que les passions des personnages du poëte comique. Ainsi la terreur & la pitié, que la peinture des évenemens tragiques