Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/35

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Pierre Perugin, que pour apprendre comment il falloit étudier. Il en a été de même d’Annibal Carache, de Rubens, du Poussin, de Le Brun, et des autres peintres dont nous admirons le génie. Quant aux poëtes, les principes de la pratique de leur art sont si faciles à comprendre et à mettre en œuvre, qu’ils n’ont pas même besoin d’un maître qui leur montre à les étudier. Un homme né avec du génie, peut s’instruire lui-même en deux mois de toutes les regles de la poësie françoise. Il est même capable bien-tôt de remonter jusques à la source de ces regles, et de juger de l’importance de chacune d’elle par l’importance des principes qui l’ont fait établir. Aussi le monde n’attacha-t-il jamais aucune gloire au bonheur d’avoir enseigné les élemens de la poësie à des éleves qui auront remplis tous les siecles du bruit de leur réputation. On ne parla jamais du maître en poësie de Virgile, ni de celui d’Horace. Nous ignorons qui sont ceux qui peuvent avoir enseigné à Moliere et à Corneille, si voisins de nous, la césure et la mesure de nos vers. On n’a point crû que ces maîtres eussent assez de part à la