Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/46

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dans laquelle ils naissent comme membres d’une certaine societé. Or la naissance physique l’emporte toûjours sur la naissance morale. Je m’explique. L’éducation, laquelle ne sçauroit donner un certain génie ni de certaines inclinations aux enfans qui ne les ont point, ne sçauroit aussi priver de ce génie, ni dépoüiller de ces inclinations, les enfans qui les ont apportées en naissant. Les enfans ne sont contraints, ils ne sont gênez que durant un temps, par l’éducation qu’ils reçoivent en conséquence de leur naissance morale ; mais les inclinations qu’ils ont, en conséquence de leur naissance physique, durent plus ou moins vives, aussi longtemps que l’homme même. Elles sont l’effet de la construction et de l’arrangement de ses organes, et sans cesse elles le poussent au penchant où est sa pente, naturam expellas furca tamen usque recurret.

dit Horace. Il arrive encore que ces inclinations sont dans toute leur impétuosité, précisément dans l’ âge où cesse la contrainte de l’éducation.