Page:Dubos - Réflexions critiques sur la poésie et sur la peinture, Tome 2,1733.djvu/63

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

déja une idée confuse, mises dans toute la perfection dont elles sont susceptibles. Il croit reconnoître ses idées propres dans les beautez d’un chef-d’ œuvre consacré par l’approbation publique. Il lui arrive l’avanture qui arriva au Correge lorsqu’il vit pour la premiere fois, et quand il étoit encore un simple bourgeois du lieu de Corregio, un tableau de Raphaël. Je dis un simple bourgeois, quoiqu’une erreur établie rabaisse Le Correge à la condition d’un païsan, et d’un pauvre païsan. Monsieur Crozat a extrait des registres de l’abbaïe de saint Jean de Parme plusieurs preuves, qui font voir que Vasari se trompe dans l’idée qu’il donne de la fortune du Correge, et sur tout dans le récit qu’il fait des circonstances de sa mort. Le Correge qui n’étoit pas encore sorti de son état, quoiqu’il fut déja un grand peintre, étoit si rempli de ce qu’il entendoit dire de Raphaël, que les princes combloient à l’envi de présens et d’honneurs, qu’il s’étoit imaginé qu’il falloit que l’artisan, qui faisoit une si grande figure dans le monde, fût d’un mérite bien superieur au sien qui ne l’avoit pas encore tiré de sa médiocrité.