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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/110

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sance du Mandchoukouo devait se poser, le principe d’opposition formulé à ce sujet par la Société des Nations, qui n’a pas gêné le Salvador, ne gênerait en rien l’Union soviétique. En tout cas, l’intention témoignée à l’égard de l’Union prouve tout autre chose de la part de Tokio qu’un sentiment d’animosité. Le Japon, qui se sent menacé d’une crise économique à laquelle faisait allusion M. N. Sato, ambassadeur du Japon en France, dans un article du Japan Times du 9 septembre, du fait de sa production intensive et des difficultés de plus en plus grandes qu’il rencontre partout à placer ses produits, est naturellement disposé à se contenter de la reconnaissance de facto du Mandchoukouo non seulement par l’Union soviétique, mais par toute puissance avec laquelle il a chance d’entrer en relations d’affaires.

Ajoutons enfin qu’il est par ailleurs assez piquant de voir Moscou demander maintenant au Japon de garantir les sommes qui lui seront dues par le Mandchoukouo pour l’achat de l’Est-Chinois.

On peut dire que tout cela est bien asiatique ; mais n’est-ce pas en Asie que cela se passe ? Ne peuvent s’étonner que ceux qui l’auraient oublié.

En somme on cherche en vain à un conflit russo-japonais des raisons qui emportent tout et qui poussent fatalement deux peuples l’un contre l’autre. Et puis, sans parler des difficultés intérieures dont les deux États ont à tenir compte avant de se lancer dans une aventure guerrière, qui se limiterait sans doute difficilement à deux, pourquoi rouvrir si dangereusement un débat quand toutes les nations du monde sont à peu près indifférentes, d’une part aux progrès de l’Union soviétique en Asie centrale, sauf pour certaines à y chercher des compensations, et d’autre part à la création du Mandchoukouo au détriment de la Chine, sauf à y trouver de nouveaux débouchés pour leur commerce et leur industrie ?