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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/118

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LA MONGOLIE ET LA POLITIQUE D’EXTRÊME-ORIENT

7 Février 1935.

Les générations qui se succèdent vivent sur cette donnée historique universellement admise que les Russes « ont cherché la mer » vers l’Est. Le souci constant de la diplomatie impériale depuis Pierre le Grand fut de donner aux plaines moscovites un débouché sur le Pacifique. C’est ainsi qu’il est d’usage d’expliquer la marche des Russes vers l’Est.

Pourtant, à la réflexion, cette explication est bien peu satisfaisante. Le souci dont on parle ne fut, en réalité, que la conséquence ou, si l’on préfère, la seconde phase d’une opération qui, commencée à la fin du seizième siècle, consista simplement à aller devant soi dans le vide asiatique, sans plan, sans but déterminé si ce n’est la chasse, au galop des chevaux, ou au fil de l’eau sur les grands fleuves, en de légers canots. À la fin seulement, pour une raison biologique, après tant de pays gagné, l’accès à la mer s’imposa.

Or, depuis quelques décades d’années, a surgi à l’horizon des plaines un obstacle qui masque l’Océan, et Vladivostok a perdu son intérêt économique du fait de la construction des chemins de fer mandchous. Et comme le Russe est essentiellement terrien, continental, qu’il n’a jamais aspiré à la maîtrise de la mer, rien d’étonnant qu’il oriente sa politique dans d’autres directions. Au surplus, ses débouchés sur la mer, à l’Ouest, ayant été diminués par la guerre de 1914, le voici ramené vers le Sud, et pour que son commerce atteigne de ce côté la mer, c’est-à-dire le golfe Persique et la mer d’Oman, il lui faut gagner les sympathies des pays du Sud, Perse et Afghanistan, car il s’y heurte aux Anglais. Attendons-nous donc à voir re-