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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/124

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Pour résumer ma pensée sur ce point, je dirai qu’à mon avis, et sous réserve des entorses que la réalité asiatique donne à chaque instant à notre logique européenne, les activités des militaires me semblent être de deux ordres différents : les unes sont d’ordre moral, les autres d’ordre politique. À celles d’ordre moral, je prédirais volontiers le succès dans la mesure où Kipling avait raison d’écrire : « L’Orient et l’Occident ne se rencontreront jamais », d’autant plus que les partisans du « moderne », tout en défendant leur point de vue, se rapprochent de plus en plus de leurs adversaires dans leur façon de juger l’Occident. Les événements internationaux qui expliquent en grande partie l’opinion généralisée des Japonais sont de trop fraîche date pour qu’il soit besoin de les rappeler. « La Société des Nations n’a pas compris le Japon, me disait encore dernièrement le ministre des affaires étrangères, M. Hirota. Elle est européenne ». Notez que les Chinois, que tous les Asiatiques pensent de même ; et l’on n’y changera rien, parce que Kipling a raison, comme les faits se chargent de plus en plus de le démontrer. Et alors ? Alors, il reste les efforts réels, suivis, des pays d’Occident pris séparément, pour réaliser des accords avec les Asiatiques, au lieu du mépris, de la colère ou de la vaine indignation. Mais cela est une autre histoire.

Les activités d’ordre politique que montrent les militaires ont certainement moins de consistance et de profondeur que celles d’ordre moral. La première raison en est que les militaires, sauf exceptions, n’ont que faire du pouvoir, puisqu’ils obtiennent tous les crédits qu’ils veulent. Il suffit pour s’en convaincre de comparer le budget de la guerre à celui des autres départements. La seconde raison, c’est leur respect de la Constitution. Contrairement à ce que l’on pourrait croire à un moment où le Parlement au Japon est si effacé, les militaires sont plus antitrustistes qu’antiparlementaires.

Du reste, il y a parmi eux des dissentiments, des jalousies. L’école des cadets et ceux qui en sortent jalousent l’école supérieure de guerre dont les élèves appartiennent à des familles plus riches ou nobles. Il y a des clans. Tout cela n’est pas pour cimenter