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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/127

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Asie où des États de fait qui, en Europe, ne dureraient pas, trouvent leur équilibre dans des formules qui ne peuvent être traduites ni dans notre langue ni dans nos pensées ; tel le Ouang-Tao, la voie du roi, ou du bon souverain, ou de la justice, principe qui justement préside au gouvernement du Mandchoukouo et dont l’empereur lui-même et son ministre des affaires étrangères m’ont parlé, un peu comme nous dirions liberté, égalité, fraternité… Grâce à ce principe qui ne tend partout et toujours qu’au bien du peuple, les difficultés auxquelles je fais allusion ne doivent pas exister. Je ne sais si le Ouang-Tao sera inscrit sur les murs des édifices publics du Mandchoukouo comme notre formule républicaine sur les nôtres, mais s’il n’est pas sur les murs, il sera présent à la pensée des gouvernants et rien ne dit après tout qu’il n’ait pas sur la collaboration des autorités mandchoues et japonaises l’influence que l’on en attend généralement.

Le développement économique du pays est plus aisé à envisager dès à présent et il est incontestable qu’il aura lieu, sauf imprévu, dans un délai relativement court ; ce qui a été fait depuis deux ans laisse à penser ce que l’on verra dans cinq ans, époque à laquelle les Japonais vous donnent rendez-vous. Ce développement n’est pas douteux parce qu’il correspond au caractère résolu des Japonais, secondé par les qualités de réalisateurs et d’organisateurs que l’on sait. Oh ! là encore l’on peut craindre des difficultés du dehors et du dedans. La question financière est certainement la plus grave qui se posera parce qu’elle commande toutes les autres.

Le Mandchoukouo recèle de grandes richesses et les Japonais ont le personnel technique capable de les exploiter ; mais cela nécessite pour commencer de grands capitaux. Les emprunts intérieurs ont été jusqu’ici rapidement couverts. Mais cela durera-t-il ? Les autorités japonaises s’en préoccupent à juste titre. Les usines et les fabriques qui s’élèvent dans le Mandchoukouo, grâce à ces emprunts, armeront économiquement le pays ; mais quand ces usines auront produit tout ce qui fera du Mandchoukouo un État moderne, que deviendront-elles ? Ne seront-elles pas un poids mort auquel s’ajouteront les questions