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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/140

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disons même avant le gouvernement ou plus que le gouvernement. Ils considèrent le Mandchoukouo un peu comme leur affaire à eux. Certes, la nation tout entière a voulu le Mandchoukouo, mais enfin l’armée est passée à l’exécution avec une ardeur qui dénotait de sa part plus que de la simple obéissance et où l’on pouvait démêler une volonté d’entreprise, une conception propre de l’opération.

Or si l’esprit du Meijï anime l’armée du Kouang-Toung, c’est-à-dire si celle-ci, estimant que cet esprit a été trahi, veut, comme l’empereur Meijï, que le peuple japonais tout entier, et non pas seulement une fraction privilégiée de ce peuple bénéficie des avantages de la civilisation occidentale, en même temps elle veut construire, outiller, armer économiquement une vaste région où pour ainsi dire rien n’existe, où tout est à faire. Où trouvera-t-elle ce qu’il faut pour cela, si ce n’est chez les « capitalistes » ? N’est-elle pas obligée de composer avec eux ? N’a-t-elle pas déjà commencé ? Ne voit-on pas ceux-ci construire d’énormes buildings pour y installer leurs offices, leurs banques, sur les plus beaux emplacements de Hsin-King, de Moukden ? Et cela n’est-il pas naturel, inévitable ? Conçoit-on qu’il en puisse être autrement ?

Le Mandchoukouo : fief des militaires où les « capitalistes » toujours ne mettront pas les pieds, avions-nous entendu ici et là à Tokio… Sottise ! Il y a des compromis qui s’imposent et le compromis entre les « extrémistes » et les « capitalistes » au Mandchoukouo est de ceux-là. Le général Minami, chef de l’armée du Kouang-Toung, mais en même temps ambassadeur du Japon à Hsin-King, et M. Matsuoka, « champion de la restauration Showa » mais aussi président du Sud-Mandchourien à Dairen, ne me contrediront pas.