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peut-être de lire dans plusieurs chroniques qui précédent ces événements, l’opinion qu’un certain rapprochement était possible entre les deux peuples. C’est que de l’avis de Chinois et d’étrangers avertis, un rapprochement fondé sur l’intérêt économique était dans l’air, et nous avions pu le constater nous-même à Nankin, dans les milieux gouvernementaux, en mai 1937. Malheureusement ces tendances ont été réduites à néant ; mais tout n’est peut-être pas à recommencer. Il est même probable que les batailles d’à présent feront place à une collaboration économique dont beaucoup de Chinois du nord demeurent malgré tout partisans.

Quant à l’unité chinoise, elle reste pour nous, en dépit des faits d’aujourd’hui, moins politique que morale. Elle est fondée sur la notion innée qu’ont tous les Chinois, quel que soit leur lieu d’origine, d’une âme commune coulée dans le moule d’une éthique traditionnelle qui trouve son véhicule dans une écriture idéographique identique pour tous. Toutefois, il n’est pas contestable que les Japonais ont créé soudain entre les Chinois une unité dans la haine et la défense ; mais avant de proclamer définitive cette sorte d’unité politique, il faut au moins attendre la fin du conflit.

Enfin le Kouomintang qui a donné des gages au bolchévisme avant et pendant ce conflit apparaîtra-t-il dans l’Histoire comme un facteur de progrès ou comme un maître néfaste ? Il n’est guère à craindre en tout cas que Moscou bolchévise purement et simplement la Chine. Opportuniste, le Chinois décevra toujours à la longue ceux qui prétendront l’asservir à leurs doctrines. Qu’une fois la tourmente passée, la Chine se dégage : nous n’en serons nullement surpris. L’avenir est sur les genoux des dieux. Celui de l’Extrême-Orient n’appartient pas aux bolchévistes.

A. D.