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Page:Duboscq - Extrême-Orient, 1931 - 1938, 1938.pdf/82

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Quant au nouvel État qui nous occupe spécialement ici, il est, nous le répétons, essentiellement musulman ; à telles enseignes que le journal de Stamboul : Djumhuriet (République) publiait, le 31 décembre, les félicitations qu’à l’occasion du nouvel an le gouvernement de Turkestan de l’Est adressait au gouvernement turc. « Le gouvernement du Turkestan de l’Est, y lisait-on, envoie le salut du drapeau vert au drapeau rouge. »

Ajoutons, puisqu’on nous a demandé des précisions, que le prince ottoman que les musulmans parlent de mettre à la tête de la république nouvelle n’est autre qu’un petit-fils d’Abd-ul-Hamid, Abd-ul-Kérim, qui s’arrêta quelque temps au Japon, l’an dernier, au cours d’un voyage autour du monde. Les Izvestia voulurent alors voir la main du Japon dans ce projet dirigé contre l’Union soviétique ; mais l’article écrit dans ce sens au milieu de juillet n’eut pas d’écho. Il n’est d’ailleurs nullement nécessaire d’invoquer la prétendue immixtion du Japon en cette affaire pour expliquer le choix de ce candidat. Les Russes eux-mêmes n’attachèrent pas plus d’importance qu’il ne fallait à cette supposition. N’en attachons pas davantage.

Pourquoi ne verrait-on partout que des raisons de croire à un conflit prochain entre l’Union soviétique et le Japon ? On pourrait au contraire découvrir plus d’un terrain d’entente entre les deux pays. En Asie centrale en particulier.

On pourrait sans doute, en cherchant bien, trouver dans ces régions, où l’Europe et l’Asie se soudent, des rapprochements entre Moscou et Tokio, qui ne seraient certainement pas pour plaire à l’Angleterre Celle-ci, en tout cas, a mieux que des ambitions sur le Thibet : elle y a déjà une situation à conserver et à défendre. Elle doit donc veiller avec soin à ce qui se passe dans le voisinage. Au mois d’août de l’an passé, des informations précises sont parvenues en Europe sur un ultimatum envoyé par les Thibétains aux troupes chinoises qui avaient pénétré sur leur territoire. Cinq mille hommes, sur les trente mille bien entraînés et munis d’un armement très moderne que possédait le Dalaï-Lama, à la dévotion, comme on sait,