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Page:Duboscq - L'élite chinoise, 1945.djvu/14

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à s’affranchir, comme nous le verrons plus loin.

Quelles bases de granit avait donc cette civilisation que rien n’ait pu la détruire ? Quelles vertus secrètes cachait-elle qui l’ait ainsi préservée de l’anéantissement ?

Il faut lire admirable raccourci qu’en a fait, au début de son Histoire de la Chine (Fayard) M. René Grousset. On voit alors d’une façon saisissante comment « la terre jaune et la Grande Plaine ont façonné le Chinois pour l’éternité ». Peuple essentiellement agricole dont la vocation s’explique par la fertilité des immenses plaines d’alluvions qu’il habite, don du Fleuve-Jaune, et où il vénère des héros divins tels que Chen-nong qui a appris aux hommes à défricher en incendiant la brousse, Heou-tsi, le Prince Millet, Yu le Grand qui sauve la terre des eaux en menant les fleuves à la mer, le Comte du Fleuve, divinité des eaux, etc., le peuple chinois modelait sa vie sur le rythme des saisons[1]. Il s’astreignait à le faire d’autant plus strictement

  1. Fleurs, montagnes, voire certaines céréales étaient tellement apparentées aux dignitaires qu’on les revêtait de titres nobiliaires. Le millet fournissait l’essentiel de la nourriture des Chinois qui en cultivaient plusieurs espèces dont l’une servait à faire une boisson fermentée.