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Page:Duboscq - L'élite chinoise, 1945.djvu/61

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lorsque le mouvement se produisit. Et ainsi de suite. On peut dire que la révolution a été faite autant par les vieux partis que par les réformateurs[1] ».

Si Sun Yat Sen apparaît incontestablement comme animateur du mouvement révolutionnaire, il faut aussi reconnaître qu’il n’avait pas de programme très défini. Les réalités ne lui suggéraient pas d’idées pratiques. Ce n’était pas un organisateur. Certes, il eut trois idées qui le menèrent loin — lui et son pays : l’abolition du régime impérial, la suppression des intérêts étrangers, la révolution sociale. N’est-ce donc pas un programme, dira-t-on ? Sans doute, mais il n’en précisa en rien l’exécution. Il n’était pas homme à étreindre suffisamment la réalité pour amener une idée jusqu’à sa réalisation ni même pour se représenter les difficultés de celle-ci. Il sentit par exemple la nécessité d’un important réseau de chemins de fer dans un vaste pays comme la Chine, mais il en conçut la construction d’une façon un peu trop simple. Ne s’attendait-il pas à voir en peu de temps le pays sillonné de voies ferrées, alors que la Chine ne possédait ni ingénieur, ni usine, ni matériel d’aucune sorte et qu’en outre il prêchait lui-même le renvoi pur et simple des étrangers pourtant indispensables à l’exécution de

  1. Henri Cordier, La Chine, p. 130 (Payot).