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I

Qu’entendons-nous exactement par présence de l’Asie ?

Nous avions eu soin de définir dans notre précédent essai ce que nous entendions par unité de l’Asie, unité, avions-nous dit, d’essence spirituelle. Malgré tout, certains, passant outre à notre définition ou l’ayant oubliée, ont été choqués par le mot unité et nous ont opposé les faits. Que devient, ont-ils demandé, l’unité de l’Asie quand le Japon fait la guerre à la Chine, quand il fait la guerre à l’Angleterre, alliée de la Russie, quand il fait la guerre aux États-Unis qui soutiennent à la fois la Chine et la Russie ?

Ceux qui nous posaient ces questions n’avaient pas saisi le sens profond des observations d’Okakura Kakuso : « L’Asie est une » et « l’Asie n’est rien sinon spirituelle »[1]. L’unité particulière de l’Asie est d’ordre moral. Elle repose sur tout autre chose qu’une qualité de l’esprit : précision, génie de composition, comme celle que l’on peut reconnaître à l’Europe ou sur une doctrine comme celle de l’Amérique ; elle est une sorte de compromis entre l’esprit d’imitation et une volonté arrêtée de défense raciale. « Spirituelle », n’implique dans la

  1. Voir Unité de l’Asie, pp. 16 et suiv. (Bosc et Riou, Lyon.)