Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/17

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aujourd’hui, si étrangères, si mystérieuses l’une à l’autre, celle de l’Orient et celle de l’Occident.

Les moyens matériels dont l’homme dispose ont réduit les distances, ont rapproché les individus, leur ont permis de converser entre eux, mais les civilisations qu’ils ont édifiées de part et d’autre n’ont pas fusionné et rien n’apparaît plus malaisé qu’une semblable fusion[1].

La civilisation orientale et celle de l’Occident sont nées dans des conditions telles qu’elles ont des caractères très différents, opposés même. Notre intention n’est pas de revenir après d’autres sur ces différences et ces oppositions. Certains les ont éloquemment et judicieusement définies. « L’opposition radicale, essentielle entre l’Orient et l’Occident, écrit, par exemple, M. Henri Massis dans Défense de l’Occident, réside dans l’idée différente que chacun se compose de l’homme et de ses rapports avec l’univers. Ici, l’homme a voulu être ; il n’a pas consenti à se perdre dans les choses, à ce que la personne humaine ne fût rien qu’une simple dépendance de la nature qui, pour l’Asiatique, se joue dans l’illusion des formes vivantes et confond toute vie dans une immense équivoque[2]. » Philosophie, art, morale, politique, tout se ressent, en Occident, de cette volonté d’être qui aboutit à l’exaltation de la personnalité humaine tant dans le domaine physique

  1. Voir notre ouvrage La Chine et le Pacifique, p. 167 et suiv. (Fayard).
  2. Défense de l’Occident, p. 203 (Plon).