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dans la vie chinoise, un grand rôle, mais les objets de la vénération ne sont point (au sens strict) des dieux. Création savante de la mythologie politique, le Souverain d’En-haut n’a qu’une existence littéraire… On ne conçoit pas de dieux qui soient étrangers aux hommes, qui aient une autre essence que la leur. L’Univers est un[1]. »

De son côté, M. Henri Maspero écrit, dans La Chine antique : « Le sentiment religieux antique, celui qui répondait exactement aux pratiques mêmes de la religion, et dont celle-ci ne se dégagea que pour mourir, consistait surtout en une conformité étroite et de tout instant des actes publics et personnels avec la tendance générale des périodes du cycle… Quand, en été, les chefs de village ouvraient les portes des villages, les chefs de famille celles de leurs maisons, qu’on supprimait les péages, que tous gens et bêtes, quittaient les maisons du village pour aller vivre dans les huttes des champs, que le lien familial strict se détendait, et que les familles se groupaient par trois dans la même hutte, tous savaient que c’était parce qu’en cette saison de plein air et d’ouverture universelle, il fallait que tout fût matériellement ouvert, et ils sentaient qu’en accomplissant « les règlements de l’été » chacun en sa sphère contribuait à assurer la marche du monde. De même, lorsqu’en hiver on fermait les portes des villages et des maisons en les crépissant pour les

  1. La Pensée chinoise, pp. 586, 587. (La Renaissance du Livre.)