Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/91

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imprécision d’ailleurs et une sorte de hantise propagée par le cinéma, concurrence économique que d’aucuns jugent non sans raison infiniment redoutable, c’est peut-être tout cela, mais sûrement quelque chose de plus encore. C’est l’avènement d’un principe de vie nouveau pour nous, l’apparition d’une conscience métaphysique opposée à la nôtre.

Ainsi s’inscrivent d’elles-mêmes les limites de la collaboration du monde blanc avec le monde jaune. La fusion des deux civilisations apparaît de moins en moins réalisable. Ferrero se trompe avec bien d’autres quand il voit une civilisation idéale, « de caractère universel », sortir de « l’unification du monde, faite par les explorations, par les colonisations, par les émigrations, par les religions universelles, par les guerres, par le commerce, par la diplomatie, par les chemins de fer et par la télégraphie [1] ». Tout cela a bien pu uniformiser le monde, mais ne l’a pas uni. Plus l’on va au fond des choses, plus on est convaincu de l’exactitude de cet autre mot de Kipling : « Orient et Occident ne se rencontreront jamais. »

Ils ne se rencontreront pas parce que la personne humaine transcendante à l’univers physique n’a pas le même idéal et ne s’épanouit pas de la même manière en Orient et en Occident.

Le christianisme, par sa transcendance, maintint une solidarité entre les peuples d’Europe, que la religion de l’humanité ne saurait maintenir. Dans

  1. L’Unité du monde, par Guglielmo Ferrero, p. 12 (Kra).