Page:Duboscq - Unité de l'Asie.djvu/93

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ne confondez pas l’intervention nationale de ces derniers avec l’intervention politique bien connue, par exemple, des militaires espagnols ou sud-américains. Ceux-ci se nomment, s’affichent. Les militaires japonais sauf exception sont impersonnels. Toutefois, ils créent une atmosphère qui enveloppe le pouvoir gouvernemental d’une façon permanente et nullement exceptionnelle ou temporaire. Or, il faut reconnaître que, du point de vue national, leur intervention est toujours bien inspirée. Les résultats le prouvent. Parfois les influences qui émanent d’eux se font sentir plus fortement qu’à d’autres moments, mais d’abord elles ne sauraient jamais aller à l’encontre de l’autorité suprême de l’empereur, ensuite, en dépit des apparences, elles ne rompent pas l’unité du pouvoir. Lorsque les militaires entraîneront le gouvernement, celui-ci bénéficiera de leur action et restera seul à la tête de la nation qui tout entière travaille pour le plus grand Japon. Telle est l’explication, soit dit en passant, d’un dualisme qui n’est qu’apparent, explication sans laquelle il n’est guère possible de suivre utilement la politique japonaise et d’en comprendre l’évolution.

Le Japon veut sa rénovation au moyen d’une « révolution par en haut » à la manière de celle du Meiji et dont l’empereur prendrait encore l’initiative, mais cette fois avec de sérieuses réserves sur les idées européennes. Il entend ensuite prendre sur ses épaules et porter d’ailleurs allègrement ce « white man’s burden », ce fardeau de l’homme blanc, dont il fut parlé longtemps avec complaisance