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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/32

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ITINÉRAIRE EN BRETAGNE EN 1636

bourg, c’est à dire entre le bourg et le moulin, luy fait perdre son nom en retenant le sien, Ardre, enflée de ruisseaus, arrivant à Nort[1], 5 lieues au dessus de Nantes, devient navigable et aporte force bois et autres provisions aus Nantois, Or Mandie, avant que se perdre en Ardre, passe sous une chaucée percée en forme de pont à 3 arches, au fin bas et pié du bourg et du costeau, lequel pont fait la séparation d’Anjou et de Bretagne, quant au temporel aussy bien qu’au spirituel. Car le spirituel est déjà distingué par l’Erdre, au delà de laquelle un monastère d’Augustine, situé tout proche et joignant Candé, est de l’évesché de Nantes.

Or, à cause du confluent de ces deux rivières, le nom de Candé, qui est Condate ou Condatum en latin (mais il est appelé Candeium dans les histoires et obituaires d’Anjou), a esté donné à la place, comme pour ceste raison il a esté donné à Candé[2] et à tous les Condés, situés sur rivières.

Il y a dans ce bourg un séneschal, office de 6 ou 7 mille livres d’achat, deux prieurés simples et une église de paroice, à costé de laquelle, tout joignant, est un gros de maisons vers Ardre, qu’ils appellent le Chasteau ; et de l’autre costé, un peu plus bas, est une grosse motte où il y avoit un fort ou dongeon, Ce fut sans doute au siège de ce chastcaü (Candeium castrum) que fut tué d’une flèche le jeune Geoffroy Martel[3], prince de grande espérance, fils aisné de Fouques Rechin, tant regretté dans l’Histoire d’Anjou de Bordigné[4], les Gesta comitum Andegavensium[5], et les obituaires des Églises d’Angers, ad 10 Kalend. Junii 1106.

Ce ne peut pourtant estre là le Condate Rhedonum de Ptolémée[6], lequel, en la table de Peutinger, est éloigné de Juliomagus Andicavorum[7] de 48 milles, qui sont 24 lieues ; et on y va par Combaristum[8] qui peut estre Combray, bourg en la lande, situé 2 lieues à costé de Candé, sur le chemin qui peut mainer d’Angers à Rhennes et vient retomber à Chasteaubriant le long du parc, puis feroit veoir en la forest de Tillay[9], un quart de lieue environ et moins de vestiges de voye



б. [10]

  1. Ch.-t. de cent., err. de Châteaubriant, L.-lnf.
  2. Candes, comm. des cant. et arr. de Chinon. Il y a un autre Candé dans l’arr. de Blois, vingt-quatre comm. du nom de Condé, et huit du nom de Condat, dans divers départements.
  3. Tué en 1106, au siège du château de Candé. Il était fils de Foulques Rechin (1068-1109) et d’Ermengarde de Bourbon. V. « Bibliothèque d’Anjou », par Dom Liron (édit, de la Soc. des Biblioph. Bret., par M. C. Ballu.
  4. Jean de Bourdigné : « Ystoire aggrégative des annalles et chroniques d’Anjou » (Paris, Ant. Couteau, 1539 ; et Angers, 1849, édit. Godard-Faultrier). L’auteur mourut en 1647. V. « Dict. de M.-et-L. ».
  5. Soit les « Gesta comitum Andegavmium (843-1169) », par Thomas Paccius ou Pactius, prieur de Loches ; soit les « Gesta consulum Andegavensium, auctore monacho Benedictino Majoris Monasterii (D’Achery, Spicilège, 1723, t. III). V. « Chroniques d’Anjou », par MM. Marchegay et Salmon (Soc. de l’Hist. de Fr., 1856), et « Recueil de chroniques de Touraine », par M. A. Salmon.
  6. Ch.-l. d’arr., L.-lnf., V. * Histoire de Châteaubriantt », par M. l’abbé Goudé (1870) ; — « Châteaubriant, ses archives et institutions communales », par M. de la Borderie (Revue des prov. de l’Ouest, I, 1853) ; — « Sur les barons de Châteaubriant », par M. de la Borderie (Assoc. Bret., 188a) ; — « Les Églises et les Chapelles de Châteaubriant », par M l’abbé Guillotin de Corson (Soc. archéol. de Nantes, VI et VII) ; — « Grandes Seig-ies de Haute Bret. : Châteaubriant, baronnie », par le même. (Ibid, XXXIII) ; « St-Jean de Béré, près Châteaubriant », par J. de la Pilorgerie (Revue de Bret. et de V., 1864, 1er semestre, pp. 129, 212).
  7. Angers.
  8. Combrée, comm. du cant. de Pouancé, arr. de Segré, M.-et-L. V. « Voie romaine de la capitale des Andes à celle des Rhedones, et ses stations de Combaristum et Sipia, avec une carte des principales voies romaines du N. O. de la Gaules, par M. de Matty de Latour (Soc. archéol, d’I. et V., VIII, 1873) ; — « Géographie ancienne et historique de la péninsule armoricaine », par M. Ch. de la Monneraye (Assoc. Bret., 1883, p. 79).
  9. Teillay, jadis Teillé, anc. paroisse, puis village de la comm. d’Ercé-en-lu-Mée » cant. de Bain, arr. de Redon, I-et-V. Sur Teillay et son château, voir « Essai sur la Géographie féodale de la Bretagne », par M. de la Borderie, p. 9.
  10. V. Ptolémée, édit. Edm. Cougny (Soc. de l’Hist. de Fr. 1878), I. p. 261.