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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/37

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RENNES

melons fort bons, pesches et mélicotons[1]…, dont tout le territoire de Rhennes, où l’on mange ces fruits, est rempli, Mais passé cest Evesché, on n’en trouve plus, et en toute la Basse Bretagne en est défaut. Il fait beau veoir les Bas Bretons venir à une foire de Montfort la Canne[2] pour se fournir de fruits pour toute l’année. On fait aussy du cidre par toute la haute Bretagne : du pommé qui est estimé partout, du poiray qui est estime sculement vers Ploërmel.

De Bruz à Pontpéan il y peut avoir demi lieue, Ils sont à costé, et de l’un ou de l’autre il y a deux lieues à Rhennes, Pontpéan est sur le chemin d’Angers et aussy sur celuy de Nantes pour l’Esté. Bruz est sur celui de Nantes pour l’Hyver. Bruz pourroit estre bruch, c’est à dire pont[3] ou passage, mot de l’ancienne langue celtique et encor a présent flandrant et germanique, à cause du pont et passage qui est la sur la Sèche, au chemin de Rhennes à Nantes.


II
Rhennes
en bas-breton Rhedon[4].

Ville capitale de toute la Bretagne, à 24 lieues d’Angers qui est Juliomagus ; A cause de quoy on peut estimer que Rhennes soit Condate Rhedonum de Ptolémée, ou Condate simplement de la table de Peutinger, le surnom de Rhedones estant passé et à elle appliqué pour nom propre, au lieu de celuy de Condate, ainsy qu’il est arrivé presque à toutes les autres villes capitales des provinces des Gaules. — « Rhedonum Civitas, metropolis Britannia », Rodulpho Glabro[5], qui vivoit l’an 1030, ce dit Argentré, adjoustant faussement que Antonin l’appelle « Rhedonum ». En la vie de St Melaine, à la fin du nouveau Missel de Vannes[6], parlant de luy : « Recepit se in ecclesiam

  1. Pour pêches, de l’espagnol melocoton. Puisque Dubuisson vient de mentionner les pêches, peut-être faut-il entendre par là quelque autre fruit leur ressemblant, comme le brugnon.
  2. Montfort-sur-Meu, ch. d’arrt d’I.-et-V. V. l’histoire de la cane de Montfort dans la « Vie des SS. de Bret. » du P. Albert Le Grand.
  3. Nous ne connaissons point ce mot breton dans le sens de passage. Brug ou bruc signifie bruyére.
  4. V. M. J. Loth : « Chrestomathie Bretonne », I, p. 57 : Roazon ; « Dict. Breton » de Grég. de Rostrenen : Roazoun, Roagan, Roaon, Roëon.
  5. Raoul Glaber : Historiarum Libri V ; L. II, c. 3. (Edit, de M, Prou, collection Picard, 1886, page 30).
  6. Dubuisson, au cours de son Itinéraire, cite, à plusieurs reprises, des fragments de ce Missel, qu’il dit avoir été imprimé à Rennes en 1627, avec le Proprium Sanctorum Ecclesiæ Venetensis. Nous en avons vainement cherehé un exemplaire dans les dépôts publics de Nantes, Rennes, St-Brieuc, Vannes et Quimper. D’autre part, dans son « Essai sur l’histoire et les vicissitudes de l’imprimerie en Bretagne (Nantes, Morel, 1876) », p. 18, Dom Fr. Plaine parle d’un Missel imprimé à Rennes en 1628, par Denys Lesné, décrit dans les notes de M. Jausions, conservées aux archives « du monastére Bénédictin de Ligugé, Nous pensons que c’est ce Missel, bien rare aujourd’hui, que Dubuisson a consulté.