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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 1.djvu/53

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au plus de chemin qu’elle a fait, se rend au Bec à l’Asne[1], qui est un pont a pales ainsy nommé, et, une Mousquetade au dessus, entre en mer, tout proche de la bouche du bié Guyou dont je veux vous parler. Car arrivant à demi quart de lieue de Dol, aprez avoir passé Champ Dolent, vous descendez en un fond ou vallon où, par dessous un petit pont a 2 trous quarrés au lieu d’arcades, passe une rivière large de 25 piés environ, assez limpide, laquelle ils appellent Bié Guyou ; ce mot de bié signifiant non une riviére légitime, mais un canal estroit d’eau, principalement s’il est fait ou remparé à la main, comme cestui cy est, au dessous de Dol, ayant les deux rives rehaussées, comme deux douves, pour empescher l’inondation, comme nous dirons tantost. Car ils ont, par tradition, que la marée anciennement donnoit dans ledit bié ou canal jusques audit pont, qu’ils appellent Pont Limier, à cause de quoy les arches sont basses et quarrées, comme pour les fermer a pales, afin de retenir la marée et l’empécher de monter plus outre.

Ceste eau vient de 2 lieues de là, d’une source appellée Fontaine Guyou, au territoire de Landal[2], maison noble et célébre apartenant à la marquise de Mortemar[3], ou un peu plus ault ; et s’enflant des eaus de Ja Vieuville, abbaye Bernadite[4] appartenant au fils de Mr de Pontchasteau et des estangs de la Mancelliére[5], gentilhommière d’un noble qui en porte le nom et a 15 mille livres de rente, de là l’eau Guyou vient vera l’Occident au-dessous de Dol, au Pont Limi ou Limier, et de là tourne le long du fauxbourg où est le prieuré, dit l’Abbaye, qui est de 6 mil livres de rente et appartient a M. de Révol, chantre de Dol et neveu du dernier évesque[6] décédé 1629 ; et revient sur soy, retournant vers Septentrion et Orient, jusques au bout d’un autre fauxbourg contigu ct fort court ; tellement que, à 300 pas hors la porte de la ville, vous le retrouvez reprenant tout court son chemin vers Ouest et Nord-Ouest, comme nous dirons sur le chemin de Cancale[7].


IV
Dol

Qu’aucuns appellent Léondoul, Argentré (L.I, ch. 10) dit ignorer pourquoy. In Libro Provin-

  1. Nous ne retrouvons plus ce nom sur la carte. Peut-être faut-il lire : Bac-à-l’Asne.
  2. Landal, en la par. de la Boussac, est une chatellenie et comté qui appartint successivement aux Montsorel, Aubigné, Monteuban, Rohan, Maure, de France. V. Du Paz : « Hist. généal. des seign de Landal » ; — « Grandes seignrs de Hte-Bret, : Landal, comté » (Rev. de Bret. et de V., nov, 1895).
  3. Louise comtesse de Maure, dame de Landal, qui épousa en secondes noces, le 5 aout 1600, Gaspard de Rochechouart, marquis de Mortemart, mort à Paris le 25 juillet 1643. Elle mourut l’année suivante, V. « Réception d’une grande dame dans le monastére des RR. PP. Carmen, à Dol et à Rennes », par M, l’abbé Guillotin de Corson (Récits de Bretagne, I, p. 84) ; — « Grandes seig de Ht-Bret, : Parigné » (Soc. arch, d’I.-et-V., XXIV, p. 92) et « Bréal » (ibid., XXII. p. Bo).
  4. Abbaye Bernardine, en la par. d’Epiniac, à Francois du Cambout, aussi abbé de Geneston et de Villeneuve, au diocèse de Nantes, mort en 1690. V. « Gallia Christ. », XIV, col. 1079 ; — Du Paz : « Hist. généal. des seign. de Landal » ; — « Pouillé histor. de Rennes », If, p. 755.
  5. Maison noble et seigneurie en 1a paroisse de Baguer-Pican (auj. comm. du cant. de Dol, arr. de St-Malo, I.-et-V.), évéché de Dol, possédée par les familles de Chasné et Rahier, V. « Pouillé histor. de Rennes », I, pp. 752, 753 ; — « Grandes seign. de Hte-Bret. : la Mancellidre » (Soc. archéol, d’I.-et-V., XXIV, 1895).
  6. Antoine de Révol, év. de Dol 1604-1629, Sur I’évêché et les évêques de Dol, voir « Pouillé histor. de Rennes », I, pp. 373 et suiv.
  7. Ch.-l. de cant., arr. de St Malo, I.-et-V.