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Page:Dubuisson-Aubenay - Itinéraire de Bretagne en 1636, tome 2.djvu/49

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l’église, et ne porte que 2 ou 3 cens ans de vétusté. Elle n’est pas plus aulte que l’aile de la nef australe achevée. On l’abattra avec le chœur.

Elle fut parachevée par Geoffroy, 92e évesque, qui mourut l’an 1206 1, ce dit V. Charon en sa Liste des évesques de Nantes.

Mais par dedans l’église, il y a voultes et arceaus hardis, et les colonnes, quoy que gothiques, à la romaine 2.

Soubz le chœur, qui est beaucoup élevé au dessus du plan de la nef, il y a une crypte 3 ou voulte qui fut creusée dez la fondation première de l’église, et où fut tué St Gohard, l’an 843 4, par les Normans ; mais qui a esté refaite depuis et qui ne porte pas antiquité de plus de 7 à 8 cens ans 5, et en beaucoup d’endroits pas de 2 à 3 cens.

Toutesfois il y a sur ladite crypte, tout à l’entour du chœur, la sacristie et carolle entre elle et le chœur, à voultes et arceaus et colonnes gothiques qui peuvent estre de St Félix 6.

La structure du chœur de St Pierre, par dehors, ne paroist pas de plus de 6 ou 7 cens ans. Aussy a-t-elle pu estre réparée aprez le dégast des Normans, vers l’an 900 7. Mais par dedans, en la carolle ou aile d’alentour du chœur, il y a, particulièrement du costé de la sacristie, des arceaus et voultes à arestes croisées et à cordons plats, d’œuvre fort hardie et qui paroist très antique, voire de plus de mille ans 8.

Joint que ces voultes et arceaus descendent et s’appuyent sur colonnes qui ont leurs bases et chapiteaus, bien que gothiques et grossiers, néanmoins d’un ouvrage à la mode romaine 9. Car il n’y a point d’apparence de croire que du temps des Normans, il y a sept cens ans et plus, in summa et excelsa sœculorum barbarie, on travaillast des voultes si bien, ni que l’on bastist sur colonnes, more grœco et romano.

Certes les ouvrages que j’ay veus à Ravenne, de colonnages gothiques 10 et sculptures à l’advenant, ne sont pas fort differents de cestui cy du chœur de Nantes, où les chapiteau » des colonnes sont aucuns d’oiseaus, autres d’animaux (entre autres l’un d’asnes, l’un jouant de la lyre et l’autre


t. Erreur : Gcoftroi Pantin gouverna l’église de Nantes de 1198 h 1213* V. * Gcflfroi évéque de Nantes, 1198*1213 » parle cu Alph. Pantin de la Guère (Congrès arc h col, de France, session de Nantes, 1886) ; — M. Legendre (Soc, nrchéol. de N., 1888, p. 85) ; — et supra, p, 37, note 6. а, Ici, gothique est pris dans le sens de barbare, antique ; et nous croyons que Dubuisson entend parler des colonnes romanes de l’ancien chœur.

3. V. « Fouilles dans le ch<eur de la cathédrale de N., en 1884 », par M. Montfort (Soc. archéol* de N., 1884) ; <— et 5npr « £i, p. 36, note 2.

4. V, « Chronique de Nantes », édit* Merlot, p. 13 ; — « Saint Gohard et ses compagnons, martyrs », par D. Plaine (Asoc. Bret., congrès de Chèteaubriant, en 1882) ; — « Le martyre de S1 Gohard », par Aimé de Solond (Revue des prov. de FO., III).

5. Noua la croyons, en effet, de la fin du XF siècle. Vide supra, p, 36, note î. б. Erreur : tout l’ancien chœur remontait seulement h Févcque 8cnottde Cornouaille (1079*1112). L’aapect intérieur de ce chœur est reproduit, tant bien que mal, dans F « Hist. de N. » de Guépin (1839), dans » La Bretagne » (Nantes, Sébire, dess. par Deroy, grav. par Benoîst), et dans « Nantes et ia Loirc-lnférieure » (Charpentier, i85o). On en trouvera le plan dans le bulletin de FAssoc. Brei., congrès de S1-Fol, 1888. Vide supra, p. 36, note a. 7. La cathédrale a bien été réparée par FévOquc Gucrcch (98* —988} ; mais nous ne croyons pas qu’il ait rien subsisté des constructions de cet évêque. Vide supra, p. 36, note 2. 8. Erreur. Vide supra, note 2, et p. 36, note 2.

9. Dubuisson confond ici le style des Romains avec le style roman, postérieur à Fan mil. to. Ici gothiques signifie bien : ouvrages des Goths. Ravenne est célèbre par ses monuments byzantins du VF siècle ; mais Ü y a cependant une différence très sensible entre le style de cette époque et celui des monuments rompes, postérieurs h l’an mil.

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