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LA MALE HEURE

Pour Ernest Raynaud.

Les doux printemps d’illusion sont révolus :
Au ciel, que les soleils ne glorifieront plus,
Vois accourir, à la fanfare des rafales,
Les galères de neige en foules triomphales.

Des ailes ont voilé d’un augural linceul
Le refuge d’azur qui nous demeurait seul ;
La désolation solitaire des grèves
Envahit le jardin que fleurirent vos rêves.

Tout se déchire en de funèbres nudités :
Les grands lis ingénus et les ferventes roses
Sont partis à la bise en papillons moroses,

Le rire est mort dans les bosquets désenchantés,
Où désormais retentira la voix sans leurre
Du vain clocher d’espoir qui tinte la male heure.