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Page:Duc - Étude raisonnée de la versification française, 1889.djvu/17

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10 ÉTUDE RATSONNéE ' Après ces deux mètrçs qui cpnstituent les grands vers, coupés par un repos obligatoire, le vers de huit syllabes est le plus communément employé. C'est le vers lyrique par excellence : aussi Tode le réclame-t-ellé le plus souvent ; toutefois, son allure pleine de grâce et son charme sentimental le font aussi choisir pour les poésies légères où mélanco- liques. A défaut de là césure, le poète doit s'atta- cher à obtenir l'harmonie du vers par un heureux choix des mots et 'par un habile croisement des rimes. Le vers de sept syllabes constitue un mètre agréable et doux qu'on emploie dans les épîtres, élégies, fables, contes, etc. Celui de cinq syllabes n'est pas dépourvu de grâce, témoin la charmante idylle de Mme Deshou- lières : Bans ces prés fleuris Qu'arrose la Seine, Cherches qui vous mène Mes chères brebis , J.-B. Rousseau en a aussi tiré un excellent parti dans ses cantates. Tels sont les vers généralement employés pour composer des pièces d'une certaine étendue sans changer de mesure. Le vers de six syllabes, en effet, s'emploie rare- ment seul, parce que l'oreille est souvent tentée de prendre deux de ces vers pour un alexandrin; mais on en fait un fréquent usage en l'entremêlant à de grands vers, et il donne alors à la strophe plus de variété, sans en rompre l'harmonie.