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JOURNAL

Le 8 et 9 se passèrent ainsi sans que nous apprîmes rien au sujet de notre débarquement. Nous étions dans une ignorance complète sur ce qu’on allait faire de nous, c’était un sujet de conjectures pour nous.

Le 10 à quatre heures du soir un sergent vint nous avertir de nous préparer à débarquer le lendemain. Cette nouvelle nous causa beaucoup de joie. La longue anxiété dont nous avions été tourmentés au sujet de notre sort, était enfin dissipée.

Le 11 après nous avoir fait ployer nos lits qui devaient nous servir dans l’établissement où nous allions, l’on nous fit embarquer avec nos coffres et nos valises, à bord d’un grand bâteau et nous fûmes conduits à huit milles de Sydney à un établissement pénal appelé Longbottom. Vers onze heures du matin, nous mîmes pied à terre. Des soldats qui avaient en charge cet établissement, vinrent nous recevoir, et nous conduisirent à une distance d’environ un mille du rivage où nous arrivâmes, à une espèce de caserne ou prison, qui formait un quarré : il y avait plusieurs petits bâtiments détachés, tel qu’une cuisine, hangard etc. De suite après notre arrivée, un sergent qui avait le commandement du peloton de soldats qui étaient stationnés là, ainsi que de ceux qui nous avaient amenés, nous fit tous mettre en rang et commença à nous prescrire les limites de cet établissement de la manière la plus grossière ainsi que les règlemens que nous avions à suivre. Il nous dit que si nous franchissions les bornes prescrites,