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D’UN EXILÉ

nominal, et notre sentence nous fut lue. À l’exception de deux sur douze nous étions tous CONDAMNÉS À ÊTRE PENDUS. Nous fûmes immédiatement renfermés séparément dans les cachots. Nous attendions d’un instant à l’autre l’ordre de nous préparer à monter sur l’échafaud. En effet deux jours après Cardinal et Duquet deux de notre nombre reçurent l’ordre de se disposer à mourir le vendredi suivant, ce qui était de mauvais augure pour nous, car nous pensions que, pour quelque raison, il avait été décidé de nous faire mourir en petit nombre. Je laisse à Juger dans quelle situation nous nous trouvâmes : cependant le courage ne nous manqua pas. Deux jours après nous fûmes témoins de la scène déchirante à laquelle nous devions pourtant nous attendre. Nos deux malheureux compagnons Cardinal et Duquet liés en notre présence, furent traînés hors de la prison, la corde au cou, conduits par le bourreau…

Nous demeurâmes trente trois jours dans les cachots sans sortir ni jour ni nuit ; nous couchions sur le plancher n’ayant qu’une simple couverte pour lit et couverture, dans cette saison où le frimat tapissait tout l’intérieur de nos cellules.

Au bout de trente trois jours, après beaucoup d’instance de notre part, l’on nous permit d’ouvrir les portes de nos cellules six heures par jour, c’est-à-dire de dix à quatre ; plus tard, nous obtînmes quelques heures de plus. Tel est le traitement que nous éprouvâmes pendant nos dix mois de prison. Dans cet interval, l’affreuse