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Journal

du Pays est le célèbre oiseau dit du Paradis qui est trop bien connu pour le décrire ici. Il y a aussi l’Emu espèce d’Autruches de 5 à 6 pieds de haut dont le corps est gros comme celui d’un mouton, le cou long, et la tête petite. Leurs ailes ne sont pas proportionnées à leur pesanteur, et ils ne s’en servent que pour accélérer leurs courses que cette circonstance ainsi que leurs longues pattes rendent très rapides : tellement qu’un cheval allant à toute bride aurait peine à les rejoindre. L’on voit encore d’innombrables volières de Perroquets de toute grosseur et de toute couleur. — Nous en tuâmes même à coup de bâton. Il s’y trouve des ramiers assez ressemblants aux nôtres, des cignes noirs, mais bien peu de Canards.

Mais il est d’autres êtres bien plus terribles que ceux que j’ai mentionnés, — Un fléau (c’est bien là le nom) qui désole tout le Pays et qui est la juste terreur des voyageurs aussi bien que de tous les habitants en général. C’est ce qu’on désigne en Anglais par Bush Rangers, c’est-à-dire des réfugiés dans les bois. Ces réfugiés forment une classe d’hommes tout à fait dépravés, et dépouillés de toute teinture de morale, des hommes absolument incorrigibles et couverts de crimes qui se sont échappés des établissemens pénitentiaires et des maîtres auxquels ils étaient assignés et se sont réfugiés dans les bois pour y vivre de vol et de brigandage. Plusieurs vivent en commun et sous un chef qui ne manque pas d’être le plus hardi d’entr’eux. Presqu’aucun voyageurs ne peuvent se soustraire à la vigilante