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voir des nouvelles de notre départ de Londres par le bateau à vapeur qui devait partir de Liverpool quatre jours après nous ; et devait arriver douze ou quinze jours avant nous à New-York. Cependant nous employâmes le jour le mieux qu’il nous fut possible. Nous nous procurâmes de l’eau de vie du Capt. du vaisseau et nous renouvelâmes notre bon temps passé du Canada, encouragé par la perspective que nous avions de bientôt toucher au terme de nos misères et fatigues, et de mettre encore une fois le pied sur notre sol natal. Le temps fut calme toute la journée, sur le soir la brise s’éleva Sud-Ouest comme d’ordinaire.

Le 2, le vent souffla toujours Sud-Ouest temps froid et couvert, nous rencontrâmes deux bâtiments.

Le 3, le vent souffla avec violence, la mer fut terriblement agitée ; il grêla et neigea toute la journée, et fit bien froid. Nous nous aperçûmes que nous étions devenus bien sensibles au froid, chose peu surprenante ; après avoir habité des climats chauds depuis cinq ans ; nous eûmes une nuit affreuse.

Rien n’est plus effroyable que de voir une nuit tempétueuse ; vent violent accompagné de grêle et de neige, sifflant dans les cordages ; les vagues soulevées et rouges comme du feu embarquant à chaque instant, sur le vaisseau. Sur le jour, le vent tomba.

Le 4, temps calme jusqu’à midi ; tout-à-coup le ciel se couvre de gros nuages et un instant après éclate une affreuse tempête. Les flots lavent