Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/123

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quant à Montréal, au retour d’un voyage accompli dans les intérêts de son vicariat apostolique :


En arrivant de Rome, j’apprends qu’un grand malheur, un vrai désastre vient de frapper nos missions du Mackenzie.

Nous nous réjouissions de ce que la construction de la nouvelle voie ferrée des Great Waterways nous avait permis de transporter notre approvisionnement annuel au fort Mac-Murray. Nous avions ainsi évité les 130 kilomètres de rapides de la rivière Athabaska qui, chaque année, engloutissaient ou endommageaient une quantité plus ou moins grande de nos marchandises. Du même coup, nous avions assez économisé pour faire face à la hausse des prix, sans trop avoir à retrancher du peu de confort heureusement introduit dans nos missions, au cours des dernières années. Nos marchandises se trouvaient au pied des rapides, dans un bon hangar : à la débâcle, ce n’eût été qu’un jeu de les expédier à destination.

La débâcle se produisit au mois dernier, mais une digue se forma, à trois milles environ en aval du fort Mac-Murray ; l’eau, ne trouvant aucune issue, envahit les deux rives, couvrit le plateau sur lequel est construite la petite ville, et atteignit huit pieds de haut dans notre hangar qui fut déplacé, malgré sa charge, et faillit être emporté par la glace. Le sauvetage fut pénible et très lent à cause de l’amoncellement de la glace. Ce fut une perte de quinze à dix-huit mille piastres (de soixante-quinze à quatre-vingt-dix mille francs).

Un accident analogue, arrivé, il y a trois ans, sur la rivière la Paix, nous contraignit à avoir recours aux petites réserves que chaque mission, à force d’économies, avait pu mettre de côté[1]. Pour comble, nos pêches de l’automne dernier ont été très malheureuses. Ce n’est pas que le poisson ait fait défaut, mais le froid et le vent nous ont empêché de le rendre à destination. Quatre bateaux furent pris dans les glaces et plus ou moins brisés, à une distance variant de 30 à 50 kilomètres de la

  1. Sa Grandeur fait ici allusion à une inondation survenue aux Chutes du Vermillon. Comme le chemin de fer promis d’Edmonton à Mac-Murray tardait à atteindre son terminus, et que, comptant sur ce nouveau moyen, on n’avait plus préparé le voyage ordinaire par Athabaska-Landing et les rapides, il fallut, aux printemps de 1916 et 1917, diriger les effets du Mackenzie sur un chemin deux fois plus long, mais moins coûteux encore que celui des rapides de l’Athabaska : le chemin de la rivière la Paix. Le chemin de fer Edmonton-Dunnegan-and-B. C., ligne de la rivière la Paix, venait de toucher celle-ci à Peace River, lieu de sa jonction avec son affluent principal, la rivière Boucane (Smoky river). La navigation commençait à Peace River, en descendant la rivière la Paix elle-même jusqu’à la rencontre du fleuve Athabaska-Mackenzie. Seulement, à mi-chemin, se trouvent les Chutes du Vermillon, où il faut faire portage. C’est au pied de ce portage que l’inondation, dont parle Mgr Breynat, compromit la moitié de nos marchandises.