Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/16

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L’illusion ne sera pas encore dissipée, à plus d’un siècle de là, car La Salle, arrivant au golfe du Mexique, en 1682, croira avoir trouvé enfin la « mer vermeille de la Chine ».

Pendant deux siècles, la France et l’Angleterre — la France surtout — poursuivront la recherche de cette mer vermeille qui doit baigner l’Asie orientale : la France, à travers le continent de l’Amérique du Nord ; l’Angleterre à travers les glaces de l’océan Arctique. En 1792 seulement, l’océan Pacifique sera découvert, par delà le Nord-Ouest et les montagnes de la Colombie Britannique, par Alexander Mackenzie, que conduiront six Canadiens Français.


Ces découvertes aventureuses du grand passage de l’Ouest, de nature à intéresser la science et la politique du Vieux-Monde, eussent-elles suffi à attirer dans le Nouveau une immigration blanche capable de le peupler ? Non, pour très longtemps. C’est pourquoi les premiers explorateurs, dont l’ambition était de créer une Nouvelle-France, se mirent en quête de ressources à faire valoir auprès des futurs colons et des gouvernements européens.

Ils songèrent à l’exploitation minière. Des mines, le Canada possédait les plus riches du globe peut-être, nous le savons maintenant ; mais, en ce temps-là, nul ne le soupçonnait, et le résultat des premières tentatives pour les trouver fut dérisoire.

La culture qui, de nos jours, promet au Canada, la réputation de grenier du monde, et qui nourrira plus tard des centaines de millions d’hommes, se présentait alors comme chimérique, au sein d’interminables hivers. Autant la végétation tropicale de l’Amérique centrale attirait les Espagnols et les Portugais, autant les rigueurs réelles et l’aridité apparente de l’Amérique septentrionale rebutaient les Français. Les matelots rapatriés contribuaient aussi à rendre le recrutement à peu près impossible, par des récits effrayants « sur les orages, les brouillards, les banquises, les longs et rudes hivers, les attaques des sauvages… ». Comment déterminer de paisibles laboureurs à quitter leur petit champ du « tant beau pays de France », et à traverser, sur de lents voiliers, des mers à peine sillonnées, pour aller défricher, sans espoir de succès, de si lointaines forêts ?

Mais il y avait les fourrures.