Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/31

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du poste et son engagé, occupés tous deux à déterrer péniblement des racines, afin de retarder la mort. L’hiver avait amené la famine, et déjà les malheureux avaient mangé les fourrures elles-mêmes qu’ils avaient achetées. Mgr Grouard les sauva, en leur donnant la grosse part de ses propres provisions de voyage.


Voilà les souffrances endurées pour les « dernières queues de loup » de l’Extrême-Nord, et qui impressionnaient si vivement Mgr Grandin. Il aimait à les rappeler à ses missionnaires, comme stimulant de leur zèle ; et lui-même se les donnait en exemple :

« Oh ! douleur ! écrit-il dans ses notes intimes, dans l’immense pays qui m’est confié il ne se perd pas une peau de bête ; et des âmes, des âmes qui ont coûté le sang de Jésus-Christ se perdent tous les jours ! Et j’hésiterais à me sacrifier, moi ? Absit ! »