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Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/462

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LES ESQUIMAUX

allés, se disait-on, jusqu’à l’île Victoria ; et surpris par un précoce dégel de la mer, n’osant, d’autre part, se confier aux frêles kayaks (embarcations esquimaudes), ils attendent pour revenir, les glaces d’un autre hiver… »


Lorsqu’au printemps de 1915, il ne fut plus possible de mettre en doute une issue fatale, Mgr Breynat fit appel au gouvernement canadien et demanda qu’un détachement de gendarmes fût envoyé dans la région où ses missionnaires avaient dû vraisemblablement trouver la mort. Le gouvernement accéda très libéralement à cette requête.

L’inspecteur La Nauze et les gendarmes Wight et Withers partirent, avec des vivres et des munitions pour deux années. Mais lorsqu’ils arrivèrent dans le Barren Land, le plus imprévu des contre-temps les y attendait : comme s’ils eussent soupçonné les investigations dont ils allaient être l’objet, les Esquimaux n’avaient point paru cet été. La cabane des missionnaires, au lac Imerenick, était tout en ruines. Le Père Frapsauce, qui avait accompagné jusque-là les gendarmes, dut retourner au fort Norman, navré de n’avoir rien à apprendre à ses supérieurs.

Quant aux gendarmes, ils attendirent, logés dans une maison que les pères s’étaient construite au printemps 1913, à la baie Dease, le retour de la saison favorable.

À la fin d’avril 1910, ils se remirent en route vers le Nord, atteignirent, au mois de mai, le premier village de l’embouchure du Coppermine, et procédèrent immédiatement à leur difficile enquête.

Ils interrogèrent adroitement les Esquimaux sur les « deux hommes blancs ». Mais tous leurs efforts pour obtenir indirectement la vérité restèrent sans résultat. L’un des gendarmes eut enfin l’idée de dire à l’interprète :

— Demande-leur carrément qui a tué les prêtres. Fais la question sans détour.

L’interrogation, ainsi formulée dans sa franche brutalité, fut aussitôt suivie de cette réponse :

— Les Blancs ont été tués par Sinnisiak et Oulouksak.

À l’instant, les langues se délièrent, et chacun raconta ce qu’il savait. Tout le monde avait été informé, dès le len-