Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/69

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sités des hivers arctiques, laissons notre esprit retourner à l’époque de la « Gaule chevelue », que n’avaient pas encore défrichée les moines. Refaisons un tout de la Hollande, de la Belgique, de la France, de l’Espagne, de l’Italie, de la Suisse. Supprimons les cités, les bourgades, les routes départementales et vicinales, qui sont l’orgueil de nos belles nations. Supposons-les inexplorées, entièrement sauvages, depuis la Méditerranée jusqu’à la mer du Nord, et ne formant de leurs rivières, de leurs lacs, de leurs terres et de leurs bois qu’un bloc de glace et de neige, tenu compact par un froid constant de vingt à cinquante degrés centigrades. Tel est le vicariat d’Athabaska-Mackenzie. Plaçons maintenant quelques masures à l’endroit occupé par Bruxelles ; quelques autres, les voisines, à Cambrai ; autant à Paris, à Lyon, à Marseille, à Bordeaux, à Madrid. De l’un à l’autre de ces baraquements, ni relai, ni hôtellerie, nul être vivant sur qui l’on puisse compter. Tels sont nos forts-de-traite avec nos missions et les distances qui les séparent.

Tel est le champ de course des missionnaires du Nord.

L’ensemble des missions forment le vicariat. Les trois ou quatre groupes de familles indiennes, qui poursuivent le gibier sauvage dans le rayon indéfini de chaque mission, forment la paroisse.

L’hiver se passe, pour le vicaire apostolique, à visiter les missions de son vicariat ; et, pour le missionnaire curé, à visiter les hameaux errants de sa paroisse.


Un voyage sans encombre d’une mission à l’autre, pour l’aller seulement, serait de quatre à six jours. Mais les intempéries et les accidents multiplient souvent ces longueurs.

Pendant les trois ans qu’il mit à faire la première tournée apostolique de l’Athabaska-Mackenzie, Mgr Grandin ne put dépasser le Cercle Polaire. Il ne pénétra même pas dans le district de la rivière la Paix. Mgr Clut, dont la longue vie épiscopale se consuma à parcourir le vicariat, comptait quatre années par visite pastorale ; et encore était-il forcé, chaque fois, d’omettre quelques missions.

Les moyens de voyage, les seuls, sont le traîneau et les raquettes.