Page:Duchaussois - Aux glaces polaires, Indiens et Esquimaux, 1921.djvu/72

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Le voyageur doit souvent créer lui-même son sentier, en abattant les arbres, en trouant les taillis, en coupant les troncs couchés sur son passage.

Les endroits les plus redoutés des hommes et des chiens sont les rivières congelées, parce qu’elles se hérissent de glaçons aigus, fixés dans un pêle-mêle horrible. Ce sont, en langage coureur-des-bois, les bordillons ou bourguignons.


Dans les bordillons du fleuve Mackenzie

Lorsque la glace se fixe définitivement sur l’eau, explique Mgr Grandin, elle ne le fait que par gradation, en commençant par le nord, et en remontant le courant. Dès que la glace est prise, le courant n’est pas aussi libre, l’eau monte au-dessus de la surface coagulée, accumule les glaçons qu’elle entraînait, et forme ainsi souvent de véritables montagnes. On ne saurait se faire une idée de ces créations fantastiques sans les avoir vues… Quelles souffrances, grand Dieu ! de se traîner au milieu de ces bancs de neige durcie, de ces grandes dunes de glace qui bordent les côtes ; de se frayer un chemin parmi ces affreux bourguignons, amas de glaçons entre-choqués, qui présentent aux pieds du voyageur leurs arêtes vives et acérées comme des lames de sabre !


En certains espaces de la rivière, la glace paraît lisse, invitante pour l’attelage. Qu’il prenne garde de s’y lancer