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De la tête des rapides du fort Smith au lac Athabaska, en remontant la rivière des Esclaves et la rivière des Rochers, l’on ne rencontre que deux rapides peu redoutables.

Du lac Athabaska au fort Mac-Murray, belle et tranquille navigation.


C’est ici, sur le fort Mac-Murray, situé au confluent de la rivière Athabaska, qui arrive du Sud, et de la petite rivière Eau-Claire, qui arrive de l’Est, que nous prions le lecteur de fixer sa particulière attention, s’il veut bien s’intéresser à notre problème des transports ; problème qui absorba la vie de Mgr Faraud, premier vicaire apostolique de l’Athabaska-Mackenzie ; qui fit blanchir son successeur, Mgr Grouard ; et qui demeura, jusqu’à ces dernières années, le tourment de Mgr Breynat, vicaire apostolique du Mackenzie.

Mac-Murray marque la fin d’une série de rapides qui commencent 130 kilomètres en amont, et dévalent dans un encaissement de rives, où la nature semble avoir voulu précipiter toutes ses sauvages beautés. Ce sont les rapides de la rivière Athabaska, ou simplement les rapides ; si bien que, dans les récits du Nord, dire « les rapides », sans plus, c’est évoquer ceux-là, comme si les autres n’étaient que négligeables, et qu’il n’y eût à compter qu’avec ces terreurs de l’Athabaska pour atteindre le Nord.

Le premier de ces rapides de l’Athabaska, que ses mugissements annoncent de loin aux voyageurs qui descendent la rivière, est appelé le Grand Rapide. Mgr Faraud en fit cette description, en 1867, quelques jours après y avoir échappé à la mort :

« En cet endroit, la rivière Athabaska est au moins aussi large que le Rhône, et roule un volume d’eau aussi considérable. De chaque côté, s’élèvent des pierres molasses qui surplombent et semblent menacer la tête du voyageur. Leur hauteur doit être en moyenne de trente à quarante mètres. Au-dessus du rapide,


    marécages, à travers broussailles et moustiques, sont les impasses appréhendées par les voyageurs d’aujourd’hui autant que par les découvreurs du siècle passé. Ils n’ont point progressé dans le Nord, excepté quelques-uns, plus longs et plus fréquentés, comme ceux du fort Smith, du Vermillon, de la Loche, qui ont fini par recourir aux bœufs ou aux chevaux.