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Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/101

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contre elle ; heureusement nous en avons le reméde : j’ai ici une treille, dont la vertu est de faire perdre l’esprit : elle n’est connue que de moi ; j’en fais quelque fois manger à ceux ou celles de ma Cour qui ont l’imagination trop vive, je veux vous en faire goûter. Je vois ici des gens, répondit Acajou, qui doivent assurément en avoir mangé à l’excès ; mais je vous jure que je ne suis point tenté d’en faire usage ; voyez d’ailleurs le beau secret pour devenir raisonnable que de perdre l’esprit. Il n’y en a pas de plus sûr, interrompit la Fée, & vous êtes plus en état d’en sacrifier que qui que ce soit. Ninette dit là-dessus beaucoup de choses flateuses au prince. Elle savoit que l’esprit se laisse plus séduire par l’amour propre que persuader par la raison. Cependant Acajou, malgré toute l’éloquence de Ninette, étoit assez fou pour ne