Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/39

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neur, ni même de certaines femmes pour son innocence.

Tandis qu’elle vivoit ainsi à la Cour de Ninette, Acajou s’ennuyoit chez Harpagine. Il étoit déja dans sa quinziéme année ; son esprit ne servoit qu’à lui faire connoître qu’il n’étoit pas fait pour vivre avec tout ce qui l’entouroit. Il commençoit à ressentir ces desirs naissans de la nature, qui sans avoir d’objet déterminé, en cherchent un par tout ; il s’appercevoit déja qu’il avoit un cœur dont les sens ne sont que les interprétes. Il éprouvoit cette mélancolie, qu’on pourroit mettre au rang des plaisirs, quoiqu’elle en fasse desirer de plus vifs ; il soupiroit après quelqu’un qui pût dissiper ce trouble, & cherchoit cependant la solitude. Il se retiroit dans les lieux les plus écartés du parc ; c’étoit-là qu’en cherchant à débrouiller ses idées, il