Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/48

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sent cependant échapper quelques mots mal articulés. Bien-tôt ils se parlent avec vivacité ; ils se font ensemble mille questions, ils n’y répondent rien de juste, cependant ils sont satisfaits de ce qu’ils se disent, & se trouvent éclaircis sur leurs doutes ; ils comprennent du moins qu’ils se desiroient sans se connoître, qu’ils ont trouvé ce qu’ils cherchoient, & qu’ils se suffisent. Acajou, qui n’avoit jamais vû qu’Harpagine, se trouve transporté dans un monde nouveau ; & Zirphile qui n’avoit pas fait la moindre attention aux hommes de la Cour, crut voir un nouvel être. Acajou baisa la main de Zirphile. La pauvre enfant qui ne croyoit pas accorder une faveur, encore moins faire une faute, le laissa faire. Acajou qui avoit de trop bonnes intentions pour s’imaginer que les carresses pussent offenser personne, redoubloit les siennes, & Zirphile les lui rendoit naïve-