Page:Duclos - Acajou et Zirphile, 1744.djvu/88

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Princes sacrifient l’orgueil à l’intérêt. Il employoit toute son adresse pour attraper ces fatales mains. Quand il croyoit les tenir, elles lui échappoient, en lui donnant un soufflet, ou jetant son chapeau par terre. Plus il avoit d’ardeur à les poursuivre, plus elles fuyoient devant lui. Cette poursuite dura si long-tems, que le pauvre Acajou étoit tout hors d’haleine. Il s’arrêta un moment, & se trouvant auprès d’une treille, il prit une grappe de raisin pour se rafraîchir ; mais à peine en eut-il goûté, qu’il sentit en lui une révolution extraordinaire ; son esprit augmentoit de vivacité, & son cœur devenoit plus tranquille. Son imagination s’enflammant de plus en plus, tous les objets s’y peignoient avec feu, passoient avec rapidité, & s’effaçoient les uns les autres ; de façon que n’ayant pas le tems de les comparer, il étoit absolument hors d’état de les