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HISTOIRE DE RENNES.

se rendait par con dans les mots composés. La seconde partie de ce mot vient du verbe taithaw, en construction daithiaw, itinerare, ambulare ; d’où ym-daith ou ym-deithiaw (avec le préfixe pronominal ym, si fréquent en gallois), aussi itinerare, ambulare, et ym-ddattod, fluescere.

« De là il est évident que kendaith, kendatt ou Condate, selon la forme latine que les Romains ont donnée à ce nom, était en effet un mot gaulois, et qu’il répondait parfaitement au confluens des Latins, dont nous avons fait confluent et conflans, c’est-à-dire marchant, coulant ou s’écoulant ensemble.

« Les Bretons, en se réfugiant en Armorique, ont apporté avec eux le nom de Kemper, qui dans leur dialecte, signifiait confluent. Ils le donnèrent à Quimper-Corentin ou Kemper-Odet, situé an confluent de l’Odet et du Steir ; à Quimperlé ou Kemper-Ellé, situé à celui de l’Ellé et de l’Isèle ; et à quelques villages tels que Kemper-Ver et Kemper-Guezennec, etc. Mais le nom de Condate est plus ancien, et de plus incontestablement gaulois et armoricain, puisqu’on le trouve répandu en Gaule et même dans toutes les contrées comprises sous le nom d’Armorique : témoin Condate Rhedonum (Rennes), Condivicnum (Nantes), en Gaulois Condiwic’h ou Condiwic’ken, c’est-à-dire ville ou bourg du confluent (la finale du mot wic’h-en étant un suffixe explétif on d’excellence équivalant au ens des Latins) [1] ; Condate super Itonam (Condé-sur-Iton) ; Condate Turonum (Cande) ; Candé, en Anjou, etc.

« L’un et l’autre noms, au reste, sont tombés en désuétude depuis long-temps, et ce n’est que par les actes de Bretagne qu’on sait que Kemper signifiait confluent. Ce mot vient cependant régulièrement de cyf, cym ou kem, suivant l’orthographe bretonne, en latin cum et de bêra,

  1. De là le nom de Guichen, c’est-à-dire bourg, à quatre lieues de Rennes.