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HISTOIRE DE RENNES.

romains dans l’administration civile et militaire. La population s’était rangée sous ces deux chefs inégalement, bien qu’au même niveau de vassalité, à quelques rares exceptions près. La recommandation et la concession des bénéfices, favorisées par l’immunité accordée aux évêques, avaient promptement groupé dans leur dépendance, sous les noms de serfs, létes, fiscalins et colons, la plupart de ceux qui possédaient quelque chose, et même ceux qui ne possédaient rien. Les mœurs de cette population étaient celles de ses maîtres ; là où l’exemple contagieux du vice n’avait pas été donné trop souvent, les préceptes évangéliques avaient progressé ; mais ailleurs, et il faut le dire, presque partout, la barbarie, mêlée à la corruption romaine, avait produit de tristes résultats.

Les corporations n’étaient pas nées encore. Cependant, par une tendance naturelle à se protéger mutuellement, les ouvriers des divers métiers se groupaient par rues, et ces rues prenaient le nom de l’industrie qui les habitait. Rennes ne possédait-elle pas les rues de la Cordonnerie, de la Laiterie, de la Filanderie, de la Baudrairie, de la Fannerie et de la Charbonnerie ? Chaque rue payait à son seigneur une redevance en nature des produits de son industrie, outre celle de quelques deniers due pour la manse. La vie industrielle, qui avait besoin de sûreté, s’était réfugiée dans les villes protégées par leurs murailles, sous l’autorité de l’évêque qui y faisait son séjour habituel, et qui défendait ses vassaux bien plus efficacement que le comte presque toujours absent, et dont le pouvoir n’était pas toujours respecté par les barbares, comme celui de l’évêque. Les marchés se tenaient une fois par semaine, non sur les places de la ville, mais sur celle du Champ-Jacquet, située en dehors de la porte de ce nom, et qui fut la première affectée à cet usage, d’où lui vint cette dénomination qui semble rappeler le sobriquet de Jacques Bonhomme donné au peuple, ou le costume appelé Jac-