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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/112

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mémoire ; la philosophie, qui est le fruit de la raison ; les beaux-arts, qu’enfante l’imagination.

Ces trois ordres de connaissances forment les trois maîtresses branches qui partent du tronc commun, l’entendement humain ; et, à leur tour, elles se subdivisent en plusieurs rameaux, suivant qu’elles s’appliquent aux êtres matériels ou spirituels qui sont de leur domaine. Ainsi, les êtres à étudier étant Dieu, l’homme et la nature, on a, pour l’histoire, les trois subdivisions suivantes : histoire sacrée, qui se rapporte à Dieu, histoire civile, qui étudie l’homme, histoire soit des arts, soit des usages que les hommes ont tirés des productions de la nature. Il en va de même des autres facultés, raison et imagination. Cette distribution de nos connaissances, suivant nos trois facultés, présente encore ce curieux avantage qu’elle pourrait nous fournir trois divisions parallèles du monde littéraire en érudits, philosophes et beaux esprits, puisque la mémoire est l’apanage des premiers, la raison est la faculté par excellence des seconds, tandis que les derniers brillent par l’imagination. — Tel est l’arbre généalogique des sciences humaines qui se dresse, non sans une certaine majesté, à l’entrée de l’Encyclopédie et que les contemporains ne contemplèrent pas sans une très grande admiration.

Mais l’œuvre de Diderot et de ses amis ne devait pas être seulement une Encyclopédie, c’est-à-dire un ouvrage où l’on retrouverait l’enchaînement des connaissances humaines ; elle voulait être de plus, nous l’avons dit, un Dictionnaire raisonné, où l’on apprît, pour les arts et les sciences, les principes qui en sont la base, en même temps que les détails les plus importants qui sont l’objet des uns et des autres. Et de même que l’exposition philosophique de l’origine et de la liaison des sciences qui ouvre le Discours préliminaire a servi à d’Alembert à en former l’arbre généalogique que nous venons d’expliquer, de même maintenant un exposé historique de nos connaissances dans l’ordre même où elles se sont succédé ne lui paraît pas moins utile pour « raisonner » ce dictionnaire et guider ainsi les auteurs eux-