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tous, catholiques ou protestants, Israélites ou athées, en feront une tolérance humaine.

Après Bacon et les deux disciples de Bacon, Hobbes Locke, il est un dernier philosophe ou savant, c’est tout un alors, et celui-là encore un Anglais, dont ils propageront en vers et en prose, l’œuvre grandiose : je veux parler de Newton. Pourquoi donc se sont-ils faits ses enthousiastes disciples ? C’est que ce grand mathématicien n’avait pas seulement, à leurs yeux, la gloire d’avoir poussé plus loin les travaux scientifiques des Copernic et des Képler ; il avait surtout le mérite d’avoir détrôné Descartes et ses tourbillons, que les Jésuites, d’accord en cela avec nos académies, avaient pris sous leur protection. Longtemps, nous dit Le Beau, secrétaire perpétuel de l’Académie des Inscriptions, « Fontenelle, ce vieillard aguerri et encore plein de vigueur, s’enferma, avec d’autres académiciens, dans les Tourbillons de Descartes, comme dans une place assiégée, la défendant avec courage et intelligence contre les assauts d’une jeunesse impétueuse ». Celle-ci l’emporta enfin et l’on vit, dès 1738, les Éléments de la philosophie de Newton, de Voltaire, remplacer, dans les salons à la mode, la Théorie des Tourbillons, de Fontenelle : Newton triomphait de Descartes et, après quelques vaines escarmouches dans le Journal de Trévoux, les Jésuites eux-mêmes rendaient les armes.

Ainsi le « philosophisme » anglais avait partout supplanté la philosophie française ; c’est du nord, en effet, que nous venaient toutes ces lumières et Voltaire ne faisait que traduire la pensée de tous, lorsqu’il écrivait à Helvétius : « Nous ne sommes pas faits en France pour arriver les premiers ; les vérités nous sont venues d’ailleurs ; mais c’est beaucoup de les adopter. » Avons-nous été vraiment au dix-huitième siècle d’aussi pauvres imitateurs que le dit Voltaire et que tant d’historiens l’ont répété après lui ?

Nous avons indiqué les tendances générales et comme les grands courants d’idées qui nous vinrent alors d’Angleterre : mais, d’une part, on l’a vu, à ces idées diverses nous sûmes donner une portée plus vaste ou plus