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CHAPITRE IV

LA BATAILLE AUTOUR DE L’ENCYCLOPÉDIE


SOMMAIRE
1. La « séquelle encyclopédique » et son protecteur Malesherbes. — 2. Le camp des Anti-Encyclopédistes : le roi, le clergé, le parlement. — 3. Les défenseurs du trône et de l’autel : les théologiens, les laïques.


I. — la « séquelle encyclopédique » et son protecteur malesherbes


L’Encyclopédie a été composée, son titre l’indique, par une « Société de gens de lettres » ; mais que fut au juste cette société ? Pour certains auteurs, ce fut une véritable armée de conjurés, tous admirablement disciplinés et recevant le mot d’ordre de trois capitaines étroitement unis entre eux : Diderot, d’Alembert et Voltaire. Ils parlent entre eux, nous dit-on, « une langue de brigands » (c’est ainsi qu’on interprétait les noms de guerre qu’ils se donnaient dans leur correspondance) et ils se lièrent par un serment solennel entre les années 1748 et 1750[1]. C’est, disait, on l’a vu, Mme de Genlis, « dans des assemblées ténébreuses (chez le baron d’Holbach), qu’ils arrêtèrent le plan détaillé de la grande conspiration[2]. » Quelque peu de crédit que méritent en général les commérages de Mme de Genlis, elle

  1. Voir par exemple Bonhomme (Réflexions d’un franciscain contre l’Encyclopédie) et Huth : Kirchengesch, des 18ten Jahrhund, 1809
  2. Les dîners du baron d’Holbach, par Mme de Genlis, 1822.